Françoise Hardy dans Libération (dernier extrait)

Le 17 novembre 2004, pour le journal Libération, Françoise Hardy rencontrait Françoise-Marie Santucci à l'occasion de la sortie de l'album Tant de belles choses.

Sous la direction de Jacno ou de son fils, Thomas Dutronc, qui fouette d'un solo inspiré Un air de guitare, Françoise Hardy a aussi collaboré avec Benjamin Biolay pour un ralenti A l'ombre de la lune, qu'on peut trouver facile («les langueurs marines / des marées salines»). Et de préférer ses phrases à elle, plus intrigantes encore lorsqu'elles quittent les terres rebattues (l'amour malheureux, l'attente). Il y a le presque inquiétant Tard dans la nuit, une ballade aussi envoûtante que le film dont elle s'inspire, Mulholland Drive de David Lynch ; il y a le mysticisme apaisé de Tant de belles choses : «On se dit toujours, avec ma meilleure amie qui vit au Brésil, que la première arrivée là-haut garde une place pour l'autre. C'est une blague, mais pas seulement.»

«Un ange». Entre un verre d'eau et quelques rires, qui dévoilent de petites dents un peu espacées, Françoise Hardy conseille pourtant de ne pas décortiquer chaque chanson, surtout qu'à force de vivre «avec quelqu'un de muet» elle se «méfie des mots». «J'ai toujours pensé que la mélodie primait le texte et que ce dernier devait coller à la mélodie ; donc si la mélodie est légère, il faut des mots légers, et inversement. Par exemple, j'avais dit à Serge Gainsbourg qu'à mon sens son Baby Alone in Babylone sur une musique de Brahms, c'était trop décalé.»

Elle confesse enfin que sa vie «a changé», notamment depuis son engouement pour la pianiste Hélène Grimaud. Elle parle de «coup de foudre», dit avoir rencontré «un ange», acheté «tous ses disques» et découvert ensuite ceux de Martha Argerich ­ entre autres. La femme à la «beauté du diable» qui hantait hier les concerts rock s'initie désormais aux récitals de piano, du côté des Champs-Elysées. Les temps changent. Pourquoi pas.

J'adore le montage photo avec la Françoise "à couettes" qui laisse à penser que tout ça n'est pas si sérieux finalement. Très bien vu.

Je trouve les deux photos de Françoise aux cheveux blancs particulièrement séduisantes. L'une a un sourire adorable et pur ; l'autre un sourire esquissé, plein d'assurance et d'élégance. Elle garde un charme impérial pour son âge, et je crois que la rencontrer en vrai doit faire son effet. Sans parler de la douceur naturelle de sa voix, qui m'a toujours frappée, et n'a fait qu'embellir avec le temps.

Heu, sur le fait de la rencontrer en vrai, j'ai en mémoire quelques témoignages de Claude. C'était plutôt du genre "évitez de tenter de lui faire un compliment,vous allez vous en prendre plein la tronche..." Maintenant cela ne veut pas dire qu'elle ne fasse pas effet comme le dit Lil' Bear. Claude, tu as réussi à faire la part des choses dans tes expériences en live ?

Non mais c'est Claude qui l'a mal pris, Françoise a juste dit ce qu'elle pensait, à savoir qu'elle n'est pas un grand écrivain. Un témoignage, peut-être, de sa profonde admiration pour la vraie littérature. Il ne faut pas froisser sa modestie, c'est tout.

Tel que je me connais, si je la croisais, je crois que je ne dirais rien. Que dire, en effet? "J'aime beaucoup vos chansons?" Nous voilà bien avancés. C'est vrai, ça veut dire quoi, "j'aime beaucoup vos chansons?" Rien. Il faudrait au moins dire lesquelles, et pourquoi, etc... Donc mieux vaut ne rien dire du tout.

Tu es un sage Lil' Bear !
Et pour ta modestie, vas y avec un gilet en Kevlar, c'est plus prudent

Ce qui me rassure c'est que d'autres y sont allés aussi de leurs compliments tout aussi innocents que le mien et qu'ils s'en sont pris plein la tronche, comme moi.
Moi qui phantasmais sur le fait d'être le seul à engendrer cet effet répulsif, non, des témoignages dignes de confiance m'ont prouvé le contraire. c'est quand même un peu décevant pour mon ego.

"Je vous trouve un beau talent d'écrivain " n'a jamais voulu dire "vous mériteriez le Nobel de littérature", mais tout simplement qu'un rédacteur comme moi, dont c'est le métier depuis plus de trente ans (putain, un métier de trente ans !), a apprécié ce qu'à écrit et comment a écrit l'écriveuse, puisqu'elle ne veut pas être un(e) écrivain(e).

Faut dire aussi que les arreu arreu et autres borborygmes que j'ai éructés ensuite n'ont pas dû lui laisser à penser que j'étais d'un commerce particulièrement intéressant.
Alors finalement, je comprends son "Circulez, y'a rien à voir !".

Mon ami Pierre qui était juste à côté de moi, et dont le charme est indéniable, a eu droit à un sourire enjôleur et des propos particulièrement gentils. Je pense qu'il a bénéficié du fait que ne m'ayant pas accordé le lot de sourire et gentillesse qu'elle réservait à chacune des personnes présentes, Pierre a bénéficié d'une double ration, la mienne non utilisée plus la sienne. C'est ça l'effet Repulse !

C'est un peu la "roulette russe" finalement ?!