Françoise Hardy dans Le Temps (1er extrait)

Le 6 mai 2000, Françoise Hardy accordait une interview à bâtons rompus au magazine suisse Le temps à l'occasion de la sortie de l'album Clair-Obscur.

A propos de Jacques Dutronc
"Le duo que je chante avec Jacques sur Clair-Obscur ("Puisque vous partez en voyage") joue sur le déchirement qu'on éprouve lorsqu'on est amoureux et qu'il faut partir. C'est une chanson qui nous touche énormément, même si elle est loin de notre relation actuelle. Au début nous étions réellement inséparables. Et encore aujourd'hui, je crois que, comme moi, Jacques ressent mal les départs. Il y a des gens qui sont plus sensibles à la tristesse d'une séparation. Je n'aime pas du tout lorsqu'il s'en va. A moins qu'il n'aille pas très loin, que je sache que c'est bien pour lui, qu'il ne va pas s'embêter, qu'il va même mieux s'amuser qu'à Paris."

A propos de son métier
"Beaucoup de gens trouvent que Clair-Obscur est un album nostalgique, mais je n'avais pas d'idée préconçue. Au moment de commencer un disque, à vrai dire, on ne sait jamais vraiment vers quoi on va aller. La seule chose dont j'étais certaine c'est que je ne voulais pas me replonger dans un processus aussi absorbant que celui qui a précédé Le Danger. A l'époque, il avait fallu tout concevoir de A à Z. Je me suis beaucoup investie pendant près d'un an et demi, en restant seule la plupart du temps, parce que c'est ma seule manière de travailler. Pour cet album, il me semblait impossible de supporter un tel effort, autant physiquement que psychologiquement. J'avais simplement envie de retrouver du plaisir: cette facilité qui consiste à se contenter de chanter, sans se préoccuper de la mise en place. Sur beaucoup d'albums, chanter a été un travail considérable. Et quand il y a trop de travail, il n'y a plus de plaisir."

Je suis tout à fait d'accord avec Françoise, "Quand il y a trop de travail, il n'y a plus de plaisir."

Je me demande d'ailleurs si ça ne peut pas expliquer ne serait-ce qu'en infime partie le flop commercial du Danger. C'était certes très novateur par rapport à ce que Françoise avait fait jusqu'alors mais surtout c'était très sombre. La souffrance était palpable et en tant qu'auditeur me mettait mal à l'aise.

Clair-Obscur, beaucoup plus inégal, a nettement mieux marché mais au global j'y ai pris du plaisir. Se pourrait-il que "cette facilité qui consiste à se contenter de chanter, sans se préoccuper de la mise en place" ait influencé mes impressions ?

D'abord, en 2000 le CD avait presque atteint 50 000 ex : chiffre à atteindre pour être disque d'or aujourd'hui. Tout est relatif donc.
Aucune promotion faite, que du bla bla aux infos en avril, un clip raté sorti en été et une émission digne de ce nom quasiment un an après… en codé sur Canal+
En mai 2000 un clip, un single (Puisque vous partez…) avant que ne sorte le CD Clair Obscur et des dizaines d'émissions avec le duo et(ou) un reportage studio. Succès. CQFD.
Depuis FH est la reine de la promo et ne quitte pas l'actualité : CD ou livres.

Désolé Joseph mais je ne trouve pas cette argumentation très convaincante.

Le Danger a gagné des fidèles avec le temps mais a été un cuisant échec lors de sa sortie. 50 000 albums vendus en 4 ans à la fin des années 90, c'était loin d'être admirable. L'album divise toujours les fans et n'en déplaise à ses adeptes ne fera jamais l'unanimité. Les raisons de cet échec sont beaucoup plus à relier à son contenu qu'à sa campagne promotionnelle même si cette dernière aurait pu être mieux orchestrée.

Je rejoins Alexandre sur l'idée qu'il est plus difficile de s'imprégner du Danger dont il émane beaucoup de douleurs et de souffrances que de Clair Obscur qui joue davantage sur la légèreté.

Je rejoins Joseph sur le fait qu'il y avait une locomotive pour tirer les ventes de Clair Obscur avec le duo Puisque vous partez en voyage. En revanche aucun titre du même calibre sur le Danger même si Un peu d'eau a connu un certain succès. Ce titre était totalement en décalage avec les autres chansons de l'album et n'a pas suffit pour entraîner les ventes.

De là à conclure que le côté laborieux (si on se réfère à ce qu'en dit Françoise) de la réalisation du Danger ait conduit à son échec, il y a un fossé que je ne franchirai tout de même pas.