Françoise Hardy interviewée par 24 heures (Première partie)

En 2004, Françoise Hardy s'entretenait avec Michel Caspary pour 24 heures à l'occasion de la sortie de l'album Tant de belles choses.

Sa jeunesse a foutu le camp depuis belle lurette. Mais pas son envie de chanter. Des vieux os, Françoise Hardy en fait donc encore et toujours dans le monde du show-biz. Tous les garçons et les filles de son âge l’aiment toujours. Et leurs enfants avec. Sa nouvelle galette vient de sortir: Tant de belles choses, réalisé en collaboration, entre autres, avec son fils Thomas Dutronc. Le titre ne ment pas. Dans le bar de cet hôtel genevois, l’autre matin, elle apparaît avec la même coupe de cheveux — en plus blancs — avec la même classe, grande et mince évidemment. L’insolent Philippe Bouvard avait dit d’elle qu’elle était «L’endive du twist». Aujourd’hui, le plus cuit des deux pourrait bien être lui. Elle a gardé, elle, toute sa saveur. Pas le genre à se calfeutrer dans le creux de mélodies en sous-sol. Elles sont la base et la source de son travail. Enjouées ou crépusculaires, elles accueillent des textes en apparence tout doux d’un ange mélancolique. On peut la croire banquise, elle est volcan. Pas tiède, Françoise Hardy.

Michel Caspary : Prenez-vous comme un cadeau le fait de pouvoir chanter de la même façon qu’il y a quarante ans?
Françoise Hardy : Non. Ma voix a toujours été un problème pour moi. Je n’apprécie pas spécialement son timbre. Je n’apprécie pas non plus beaucoup ma façon de chanter. Parfois, j’arrive à mieux chanter sur certains titres et là, j’en tire une certaine satisfaction. Entre les années soixante et maintenant, il y a eu aussi beaucoup de progrès au niveau du son et moi, j’ai la chance de travailler avec un ingénieur, Dominique Blanc-Francard, dont Serge Gainsbourg disait déjà que c’était le meilleur. Entre autres talents, il a celui de très bien traiter les voix. La mienne n’est pas pour autant trafiquée sur ce nouvel album. Mais pour qu’elle soit jolie, il faut déjà que la voix dans le casque soit bonne. Et tous les ingénieurs ne savent pas faire ça.

Je sais qu'il est très difficile d'apprécier sa propre voix mais quand même...

Françoise Hardy est très dure avec elle-même. Son timbre est magnifique et sa façon de chanter en chuchottements et confidences est sa marque de fabrique qui très souvent fascine ses fans.

Dans une vieille interview elle avait dit qu'elle aurait aimé avoir la voix puissante de Nicoletta et la même facilité (apparente sûrement) de chanter.

Françoise Hardy aurait peut-être été contente de ce cadeau du ciel mais elle n'aurait eu ni la même carrière ni les mêmes admirateurs (sans rien enlever au talent de Nicoletta.)

Et... certains d'entre nous auraient éprouvé un manque sans être capables de l'identifier tellement Françoise est sur un créneau vocal unique.

En tout cas j'aime bien son engouement pour Dominique Blanc-Francart. Elle lui est fidèle puisqu'il est encore ingénieur du son pour le nouvel album...

Encore quelques dizaines de jours à patienter.... C'est long mais cette attente fait partie du charme.