Françoise Hardy du côté de chez Fred (1ère partie)

Le 27 janvier 1989, Françoise Hardy était reçue par Frédéric Mitterrand dans l'émission de télévision Du côté de chez Fred.

Frédéric Mitterrand : "Est-ce que vous avez conscience de ce que vous représentez et de ce que vous avez représenté pour beaucoup de gens ?"
Françoise Hardy : "C'est une question difficile parce que, en réalité, je crois que je ne veux pas avoir conscience de ce genre de choses. Je n'ai jamais voulu me préoccuper de ce genre de choses, peut-être parce que c'est trop perturbant de commencer à imaginer qu'on peut représenter quelque chose. C'est en même temps très abstrait. J'crois pas que ça amène quoi que ce soit. J'crois que c'qui est important c'est de faire les choses en fonction de soi, de ce qu'on croit être bien et surtout pas en fonction des autres, enfin je parle de l'activité professionnelle qui consiste à écrire des chansons."

Frédéric Mitterrand : "Quelquefois tout de même y a des gestes d'affection soudains de gens qu'on croise, de gens qu'on rencontre. Est-ce que ça, ça vous touche ? Est-ce que ça vous apporte quelque chose ?"
Françoise Hardy : "Ca dépend. Ca dépend des circonstances, ça dépend de la personne aussi. Y a toujours un courant je dirais épidermique qui passe ou qui ne passe pas. Y a des gens avec qui ça passe tout de suite et puis d'autres où c'est plus désagréable et moi j'suis assez… je ressens les choses assez fortement de ce point de vue. Et il est vrai que je peux être tout à fait comment dire spontanée et agréable avec des gens que je connais pas du tout comme je peux être très désagréable avec d'autres parce que, bon, y a quelque chose qui me dérange."

J'aime beaucoup ce désintéressement de Françoise Hardy sur son impact dans la mémoire collective. Même si ça peut être pris pour une forme de fausse modestie, j'y vois quant à moi plutôt une preuve de sa sincérité et de "pureté" en ce qui concerne les motivations pour exercer son métier. Elle est là pour écrire des chansons avec son coeur et puis le reste, elle ne s'en soucie pas. Elle ne voit pas plus loin que l'expression réussie de ses états d'âme, de ses émotions.

Je partage ton opinion Alexandre avec un plus toutefois, dans le sens où elle ne souhaite visiblement pas porter ce poids sur ses épaules : "je ne veux pas avoir conscience de ce genre de choses" ... "c'est trop perturbant de commencer à imaginer qu'on peut représenter quelque chose...". On peut la comprendre; il faut déjà "se porter soi même", alors s' il faut ajouter en plus les fantasmes et aspirations de tout un chacun... Cela fait effectivement beaucoup à gérer/assumer