Culture 27/03/2010 à 00h00
Hardy, preuves à «la Pluie»
Pop. La chanteuse revient avec un album aux ballades intimistes signées par d’illustres cadets : Calogero, Jean-Louis Murat, Arthur H et La Grande Sophie.
Par FRANÇOISE-MARIE SANTUCCI
Françoise Hardy CD : la Pluie sans parapluie (EMI). Sortie lundi
On l’avait laissée sur le succès de son autobiographie le Désespoir des singes, paru fin 2008. La beauté crépusculaire de ses souvenirs et sa lucidité désarmante, malgré cette plume piquante, juste, sensible, faisaient penser que Françoise Hardy avait atteint une sagesse de vieille femme corse, que son désir ne portait plus que sur une chose : se retirer doucement du monde. Erreur d’appréciation!
La Pluie sans parapluie, son nouvel album, est un disque aussi Hardy que hardi. On y trouve ce qui fait sa patte, ces ballades romantiques et intimistes ; on y retrouve ce qu’elle affectionnait souvent par le passé, ces incursions vers un monde plus solaire, plus pop.
But.
Il ne sert à rien, néanmoins, de chercher à percer le sens de cet album, son éventuel message. Déjà parce qu’Hardy est capricorne, aussi fière que pudique ; ensuite parce qu’à son habitude, finalement très anglo-saxonne, elle redit son but, singulier en ce pays de chansons à texte : «Trouver douze bonnes mélodies et essayer d’avoir douze textes qui les servent le mieux possible. Autrement dit, il s’agit juste d’obtenir douze bonnes chansons.» Outre celle d’Alain Lubrano, le vieux complice depuis les années 90, la Pluie… bénéficie des collaborations de Calogero, Jean-Louis Murat, La Grande Sophie ou Arthur H.
«Fantaisie».
On craignait une sorte de Hardython, ou le syndrome de l’artiste asséché s’entourant de jeunes auteurs transis d’admiration. Or, cette Pluie chaude et fine se révèle le fruit du hasard, dit l’intéressée. Calogero et Murat ont eu «la fantaisie» de lui apporter des chansons, ce qui était «totalement imprévu», de même que l’intervention d’Arthur H. «Je n’aurais jamais pensé, ajoute-t-elle, demander quoi que ce soit à ces artistes que je connais très peu, sinon par leur travail, notamment Mustango de Murat, que j’avais adoré.» Seule La Grande Sophie, apprenant que Françoise Hardy aimait sa chanson Quelqu’un d’autre, lui a fait parvenir plusieurs airs et textes écrits à son intention.
Par mail, Françoise Hardy a bien voulu se plier à une sorte de télescopage entre portrait chinois et questionnaire de Proust (lire ci-contre). Ses réponses sont arrivées deux jours après, élégantes, se terminant sur l’aveu de son «anxiété - un état d’esprit chronique, mais j’aspire à la neutralité».
(source : http://www.liberation.fr/culture/0101626974-hardy-preuves-a-la-pluie )