Françoise Hardy et Blur dans Pop Meeting (5ème extrait)

En février 1997, pour le magazine Pop Meeting, Françoise Hardy retrouvait le chanteur de "Blur", Damon Albarn, accompagné d'Alex, le bassiste du groupe.

Pop Meeting : "Vous avez également exprimé tous les deux cette urgence à travers un changement de son. "
Françoise : "Contrairement à Blur, je dépends des musiciens puisque je ne compose pas les musiques. J'avais envie de continuer à travailler avec Alain Lubrano qui aime la musique rock, et Rodolphe Burger dont je suis fan depuis sept ou huit ans. Avec eux, j'allais dans une direction musicale plus rock, une direction que j'ai toujours aimée mais que je n'ai pas très souvent empruntée."

Françoise : "Cette direction rock me convient dans la mesure où elle sied aux petites voix, aux artistes qui ne sont pas de grands chanteurs. Les mélodies sont généralement très simples, très basiques. Et c'est sur ce type de mélodies que je peux m'exprimer le plus facilement. Des mélodies simples, qui se révèlent d'ailleurs de plus en plus difficiles à trouver puisque tout a déjà été fait dans ce domaine."
Damon :" La vie est faite de changements. J'ai senti soudain une grande clarté autour de moi, ma voix n'était pas façonnée par tel ou tel élément extérieur. Elle me correspondait vraiment. C'est le paradoxe de cet album. Bien qu'il contienne différents types de voix, je reconnais beaucoup plus ma voix sur cet album que sur les précédents."

"Cette direction rock me convient dans la mesure où elle sied aux petites voix, aux artistes qui ne sont pas de grands chanteurs. Les mélodies sont généralement très simples, très basiques". Les rockeurs apprécieront ! Les mélodies simplistes peuvent s'appliquer à tout genre musical, je ne pense pas qu'elles puissent être accolées à un genre en particulier même si le rock peut être considéré comme une musique "de masse" . Ce qui m'étonne c'est sa réflexion sur les "petites voix". Bien sûr le rock n'est pas nécessairement la grosse artillerie "sound machine". Même s'il y a beaucoup de courants derrière cette appellation je reste sceptique voire pas assez au fait

Je pense que la direction rock dont parle Françoise est plutôt celle du genre Lou Reed (où l'on peut poser une voix sans voix) que celle du genre Led Zeppelin ou Springsteen. Rodolphe Burger, comme Jean-Louis Murat et d'autres, font une sorte de rock indé où le chant n'a pas besoin d'être très en avant, bien que subtil, tout dans les timbres, et le "phrasé".

Buzy, par exemple, dont la voix a évolué à peu près comme celle de Marianne Faithfull, a réalisé un album sublime avec la collaboration de Rodolphe Burger l'année dernière (Au bon moment, au bon endroit). Françoise aime ces ambiances, cette voie musicale, ce registre intime qui évite le côté nunuche ou vieillot. Françoise aime les ambiances un peu bluesy également, même si elle n'a jamais vraiment exploité cette tendance sur disque.

Je sais tout ce qu'aime Françoise, d'ailleurs si elle-même ne sait plus ce qu'elle aime, elle n'a qu'à me demander, je le lui ferai savoir.

Françoise aime peut-être ces ambiances, mais je trouve que quand elle s'y emploie le résultat est nettement moins convaincant qu'à l'accoutumée.

Dans les années 60, quand elle était 'gamine' ça passait bien parce que c'était dans l'air du temps mais c'est pas tellement ce qu'elle a fait de mieux.

Avec "Le Danger" elle a joué une carte que certains estiment sublime mais je n'en fais pas partie. Je préfère de loin quand elle joue dans le domaine de la confidence en mode "délectation morose" comme sur "Tant de belles choses" par exemple.

Tout le monde sait qu'apprécier quelque chose ne garantit pas qu'on sache le faire bien soi-même... Y a qu'à réentendre la version 2 de "Tu ressembles à tous ceux qui ont eu du chagrin"... Une horreur totale pour la plupart des fans.