Françoise Hardy et Blur dans Pop Meeting (9ème extrait)

En février 1997, pour le magazine Pop Meeting, Françoise Hardy retrouvait le chanteur de "Blur", Damon Albarn, accompagné d'Alex, le bassiste du groupe.

Françoise : "Comment parvenez-vous à écrire ? Est-ce une angoisse ? Est-ce que vous êtes seul pour composer ? "
Damon :"Je suis allé en Islande, mais j'aurais pu me trouver n'importe où. J'écris toujours seul mais, comme vous le savez sans doute, il est impossible d'écrire en présence de quelqu'un. Et cette fin que je pensais proche a conditionné ma manière d'écrire. Quand j'écris une chanson, il m'est très difficile de la terminer. Je jette juste quelques mots sur le papier et il m'est très douloureux de terminer les paroles d'une chanson. C'est la chose la plus difficile au monde pour moi !"

Pop Meeting : "Avez-vous besoin d'être seuls pour travailler ?
Damon : " L'isolement est important mais ce n'est pas une garantie de créativité. On peut s'exiler dans l'endroit le plus perdu de la planète sans qu'il se passe quoi que ce soit."
Alex : "Les meilleures idées me viennent quand je passe l'aspirateur ou que je fais la vaisselle (rires) ! L'inspiration vient, c'est tout."

Françoise : "Lorsque vous partez composer en Islande, êtes-vous angoissés à l'idée de ne rien pouvoir écrire ?"
Damon : " Je ne suis pas angoissé à l'idée de ne pas pouvoir écrire. Et si je ne peux pas écrire de chansons importantes pour moi, il ne me reste plus qu'à concevoir des petites pop songs stupides (rire) !"

Françoise : "Cela m'étonne beaucoup mais vous n'êtes pas le seul que je connaisse à dire ce genre de choses. Je suis toujours étonnée par les gens qui ne ressentent pas vraiment d'angoisse au moment de la création... Chaque fois que j'ai écrit une chanson que je trouvais bonne, je me suis toujours demandé si ce n'était pas la dernière."
Damon : " Quand on estime avoir écrit une bonne chanson, il est très difficile de se remettre au travail. Car, si la chanson suivante n'est pas aussi bonne, on l'accepte difficilement. C'est une réaction normale. Et l'on ne sera pas satisfait avant d'avoir de nouveau écrit une excellente chanson."

Bon ben.... il ne me reste plus qu'à passer plus souvent l'aspirateur et à faire à nouveau la vaisselle à la main.

Quelle obsession de la part de Françoise autour des tourments et de l'angoisse créative ! C'est peut-être un signe de conscience professionnelle suraigu, une exigence extrême, la quête de l'absolu... mais sûrement pas une source d'apaisement.

Je me demande si avec le temps elle a vraiment évolué sur ce plan.

Placer le mot angoisse dans chaque phrase est effectivement signe de quelqu'un de tourmenté. Ca on le savait mais c'est curieux de voir à quel point elle cherche un miroir chez les autres

Je pense que cette situation avait eu son pic avec la sortie du Danger dont Françoise se remettait à peine au moment de l'interview.