En février 1997, pour le magazine
Pop Meeting, Françoise Hardy retrouvait le chanteur de "Blur", Damon Albarn, accompagné d'Alex, le bassiste du groupe.
Pop Meeting : "Est-ce que vous pourriez cesser de faire de la musique, si vous estimiez n'avoir plus rien à dire ?" Damon :"Quand vous estimez n'avoir plus rien à dire, cela vous rend triste. Mais ce sentiment encourage à créer. "
Françoise : "Oui, en fait, on a besoin d'être mal pour créer. "
Damon :"Je crois que tous les artistes connaissent bien la cruauté de ce phénomène."
Pop Meeting : "Que ressentez-vous à l'approche de l'an 2000 ?" Damon : "Tout le monde semble vouloir en faire une montagne, sans aucune raison. C'est juste une date comme une autre, une affaire de chiffre."
Françoise : "Le XXIe siècle m'inspire deux pensées. D'abord, j'ai l'impression (mais j'espère me tromper) que nous sommes parvenus à une espèce de limite dans tous les arts, sur le plan de la créativité. Ensuite, m'inspirant de la phrase d'André Malraux (
« Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas »), j'espère voir se développer durant le XXIe siècle une spiritualité de haut niveau."
Damon :"Je crois qu'il est très néfaste de faire de ce nouveau millénaire une date cruciale. On doit traiter cet événement avec respect, car il marque une date dans l'histoire de l'humanité, mais c'est tout. Pour en revenir à l'idée de Françoise sur la créativité, le XXIe siècle lui accordera peut-être moins d'importance. Les gens seront toujours aussi créatifs, mais la valeur reconnue à la création sera moindre."
Françoise : "J'ai l'impression que de moins en moins de gens pourront vivre d'une activité artistique. Parallèlement, de plus en plus de personnes pourront s'adonner à une activité artistique, ce qui est une bonne chose. "
Damon :" C'est aussi mon avis."