Les adieux à la chanson de Françoise Hardy ?
Par Sophie Delassein
Le 5 mars, Françoise Hardy donne de ses nouvelles dans un essai, "Avis non autorisés". Santé, politique, spiritualité... Des confessions sans fausse pudeur.
Nous n’avions plus trop de nouvelles de Françoise Hardy depuis le mois de novembre 2013. La chanteuse fêtait alors le quarantième anniversaire de son album "Message personnel", daté de 1973 alors qu’elle était enceinte de son fils unique, Thomas.
En promotion pour la réédition de ce disque, donc, avec la franchise qui la caractérise, elle annonçait souffrir d’une maladie grave et compliqué : un lymphome. Il lui rendait la vie amère, impossible. Tout portait déjà à croire que, pour elle, la chanson c’était fini, du passé.
D’ailleurs, un an plus tôt, en novembre 2012, elle déclarait que "L’amour fou" qui sortait alors, était le disque qui faisait sa fierté. Il était en effet particulièrement réussi. Il n’avait échappé à personne qu’il s’achevait sur une chanson d’adieu, "Rendez-vous dans une autre vie" :
Pardon si je pars en catimini, et sans préavis… La pièce est finie. Rendez-vous plus tard dans une autre vie, ailleurs ou ici."
Politique, écologie, astrologie...
A la lecture de son livre de pensées en vrac, "Avis non autorisés…", à paraître ce 5 mars aux Editions Equateurs, il semble bien que, pour Françoise Hardy, la chanson c’est fini. Définitivement. Et cette annonce s’accompagne, pour ses admirateurs, par un sentiment de mélancolie prenante, de cette même mélancolie qui faisait le sel de ses chansons.
Dans ce livre, "Avis non autorisés", Françoise Hardy parle politique en s’excusant de le faire, d’écologie en culpabilisant, d’astrologie qui fut et reste sa passion, de ses nombreuses lectures d’hier et d’aujourd’hui, d’une mode dont elle ne fut pas la moindre figure, de spiritualité aussi.
Ceux qui connaissent Françoise Hardy ne seront pas surpris par le contenu dense de ses propos, ceux qui la prennent pour une petite chanteuse de variété regretteront leur jugement. Ce livre trace l’autoportrait d’une femme de droite, ouverte, lettrée, très cérébrale.
La vieillesse sans tabou
Dès la première page, le récit vous surprend : Françoise Hardy va tout dire, absolument tout, comme elle sait le faire : avec une impudeur élégante. Le livre s’ouvre sur les confessions d’une femme qui se sent vieille, qui a rejoint a son corps défendant la communauté du troisième âge.
Ce n’est pourtant pas l’âge qui l’y a précipité, mais la maladie. Comme souvent. Ce corps longiligne qui la complexait jadis la fait désormais souffrir. Elle écrit :
Maintenant que j’ai atteint cette âge dit respectable, je découvre à mon tour l’épreuve du vieillissement."
Difficulté de se mouvoir, repli sur soi, radotage, isolement, envie d’en finir... Elle n’élude rien, écrivant dans ce premier chapitre un petit traité de la vieillesse. Comme à son habitude, dans ce moment compliqué de sa vie, elle pense à Jacques Dutronc :
A force d’entendre mon mari assurer qu’il ne ferait pas de vieux os et je serais une très jolie veuve, je m’étais habitué à cette idée, mais les événements finirent par lui donner tort en opposant toujours davantage sa pêche insolente à ma faiblesse croissante."
Parmi ses engagements, Françoise Hardy se déclare en faveur de l’euthanasie :
Actuellement, chaque fois que mon état de santé s’aggrave d’une façon quasi insupportable, je souhaiterais ardemment ne pas me réveiller, tout au moins que cela soit possible quand cet état empirera de façon encore plus handicapante et durable."
Ce premier chapitre, suivi d’un autre autrement plus drôle sur les médecines parallèles, marquera les esprits des lecteurs qui seront à coup sur nombreux. On se souvient que l’autobiographie de Françoise Hardy, "Le désespoir des singes... et autres bagatelles", en 2008, avait été un best-seller.
Sophie Delasseinsource : http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20150227.OBS3520/les-adieux-a-la-chanson-de-francoise-hardy.html