Françoise Hardy : «Je suis une miraculée»
Il y a un an, on a failli la perdre. Mais Françoise Hardy va mieux, elle est pleine d'énergie pour commenter un nouveau titre et la réédition de quelques-uns de ses vieux albums.
Propos recueillis par Éric Bureau | 06 Juin 2016, 07h00 | MAJ : 06 Juin 2016, 07h09
Depuis quelques mois, Françoise Hardy a retrouvé le moral… et repris du poids : « Je fais 56 kg, une grosse dondon », rigole la chanteuse, qui se réjouit de voir ses albums de jeunesse réédités.
(Benoît Peverelli.) Notre dernière rencontre
avec Françoise Hardy remonte à mars 2015. « Juste avant ma mort », dit-elle en éclatant de rire. « Je suis désolée, je ne m'en souviens plus. Mais j'ai une bonne excuse, rit-elle encore. On m'a administré tellement de morphine que j'ai perdu la mémoire. » Pendant plus d'une heure, jeudi, elle ne cesse de rire, même de ses ennuis de santé qui ont pourtant failli lui coûter la vie l'an dernier.
Hospitalisée de mars à juillet 2015, « dont trois semaines très critiques », Françoise Hardy réapparaît métamorphosée. Elle a retrouvé l'envie. L'envie de parler, des rééditions de ses albums cultes, de la reprise de Buddy Holly qu'elle a enregistrée pour l'album de son ami Dominique Blanc-Francard. L'envie, pourquoi pas, de rechanter...
Comment allez-vous ?FRANÇOISE HARDY. J'ai mal partout. Mais comme me disait Jean-Marie
(NDLR : Périer, célèbre photographe) il y a déjà vingt ans, si on se réveille et qu'on n'a mal nulle part, c'est qu'on est mort ! Je vais plutôt bien, j'ai repris 17 kg. Je fais 56 kg, une grosse dondon
(rires). Je suis une miraculée, passée par tellement de choses terrifiantes pendant deux-trois ans... Il y a un an, les médecins ont téléphoné à Thomas
(NDLR : Dutronc, son fils) pour lui dire : « C'est la fin, il faut prévenir votre père. »
Vous en riez !Plus c'est catastrophique, plus c'est noir, plus ça me fait rire. L'une de mes chansons préférées, c'est « Tout va très bien, madame la marquise »
(elle la chante). J'ai toujours une épée de Damoclès au-dessus de ma tête, mais bizarrement j'arrive à ne pas y penser.
Vos albums cultes, dont « En anglais », de 1968, sont réédités...Cela me fait très plaisir. Cela permet de redécouvrir certains albums qui ont fait un flop et que j'adore, comme « la Question », avec Tuca
(NDLR : une chanteuse brésilienne). J'ai lu que Philippe Katerine l'aime, Suzanne Vega me l'a dit. A l'époque, Jacques Wolfsohn
(NDLR : qui l'a signée chez Vogue) me faisait chanter en anglais, italien, allemand... j'avais des hits en Australie, en Afrique du Sud. Mais je ne me rendais compte de rien, je planais complètement.
Vous étiez la reine du Swinging London...A Londres, j'allais dîner après les concerts en discothèque et je croisais les Stones, les Beatles, les Animals... Mais, comme j'étais toujours accompagnée d'un manageur, le bruit courait que je ne m'intéressais pas aux hommes. J'étais surtout très impressionnée.
Mick Jagger aussi !Je me souviens parfaitement de l'instant où je l'ai croisé dans une rue de Londres. Cela paraît irréel, mais il m'a fait un sourire ensorcelant. Je n'étais plus sur terre... Heureusement, ils se sont trouvés avec Marianne Faithfull. Je n'étais pas faite pour le trip drogues dures. Je suis très bien tombée avec Jacques. Le trip alcool, bordeaux, cela me convient mieux.
David Bowie vous aimait bien ?J'allais à tous ses concerts, mais je n'osais pas aller le voir. Une relation commune m'avait dit que je lui plaisais beaucoup, mais il me troublait. Je l'ai rencontré sur le tard, dans l'émission « Trafic », de Guillaume Durand. Cela s'est bien passé, je lui ai dit que j'adorais son album « Outside », il n'en revenait pas. J'étais mieux armée, j'avais atteint un âge vénérable.
Cette semaine sort l'album « It's a Teenager Dream », où vous reprenez une chanson de Buddy Holly.Je l'ai enregistrée en 2014. Cela faisait un bout de temps que ça n'allait pas bien et j'avais du mal à chanter. Dominique m'avait proposé les Everly Brothers, l'influence majeure de ma jeunesse avec Keith Richards. Mais « True Love Ways » me correspondait mieux.
Rechanterez-vous ?Fin 2015, je n'y arrivais plus. Après mes mois d'hospitalisation, mes problèmes pulmonaires étaient tels que je n'arrivais même pas à chanter une chanson du dernier album de Thomas que j'adorais, « I'll See You in My Dreams ». Cela ne sortait pas... J'ai même dû refuser de participer à un album de Michel Legrand, alors que j'en avais envie. Mais j'ai fini par récupérer ma voix.
Un nouvel album est-il envisageable ?Les albums d'hommages, j'ai assez donné. Et les albums tout court... C'est un tel chantier, apprendre une chanson me prend beaucoup de temps, enregistrer me prend beaucoup d'énergie. Il faut un an pour faire les textes, pour trouver les musiques. Et, quoi je fasse, je ne ferai plus aussi bien qu'avant. Et puis, j'ai beau avoir eu de très belles chansons sur mes deux derniers albums, aucune n'est passée en radio. J'ai fait mon temps.
C'est votre dernier mot ?A moins que d'un seul coup quelqu'un m'envoie une chanson à laquelle je ne puisse pas résister !
Elle reprend Buddy Holly
C'est toujours un bonheur de réentendre Françoise Hardy. Surtout lorsqu'elle reprend « True Love Ways », un classique de Buddy Holly de 1958 qui lui va comme un gant. C'est l'une des réussites de l'album « It's a Teenager Dream », orchestré par le producteur Dominique Blanc-Francard autour des chansons qui ont bercé sa jeunesse dans les années 1950 et 1960. Un disque choral où l'on retrouve aussi son fils, Sinclair, Stephan Eicher, Carla Bruni, Benjamin Biolay, Jean-Louis Aubert, Adamo, et le dernier enregistrement d'Hubert Mounier, de l'Affaire Louis Trio.
source : http://www.leparisien.fr/laparisienne/actu-people/chanson-francoise-hardy-je-suis-une-miraculee-06-06-2016-5859503.php#xtref=http%3A%2F%2Fwww.non-stop-people.com%2Factu%2Fmusique%2Ffrancoise-hardy-miraculee-donne-des-nouvelles-de-son-etat-de-sante-video-112816