Jérôme Colin : Vous êtes du genre à abandonner, vous ?
Françoise Hardy : Ah oui, s’il y a trop de difficultés. Si ça amène à faire des choses…
Jérôme Colin : Qu’est-ce que vous avez abandonné dans la vie, vous ?
Françoise Hardy : Qu’est-ce que j’ai abandonné dans la vie ? Oh, j’ai abandonné des amours par exemple. Oh, vous savez quand on est d’un seul coup très amoureux de quelqu’un. Et moi j’étais du genre à avoir des sentiments très très fort, très violents, etc. Et quand ça marche pas au bout d’un moment, vous êtes bien obligés d’abandonner. J’ai abandonné la scène aussi.
Jérôme Colin : Oui.
Françoise Hardy : C’est pas que j’avais un fort désir de faire de la scène. Mais j’ai abandonné la scène tout simplement parce que je me suis rendue compte que je n’étais pas faite pour ça.
Jérôme Colin : Alors que tous les gens qui vous ont vue, disaient, elle illuminait cette scène…
Françoise Hardy : Oui.. Mais enfin, non, non ! Il faut quand vous faites de la scène, il faut quand même avoir suffisamment de force physique. Voilà, on en revient à la faible femme. C’est vrai que moi je n’ai jamais été très costaude, hein ! Et on en revient à la force physique, mais aussi à l’aisance physique. Je n’ai jamais eu ni l’une ni l’autre. Et je n’ai jamais eu la force ni l’aisance vocale qui va avec le reste. Quand vous avez une voix, par exemple, je pense à mon futur veuf Jacques Dutronc. Il a une voix exceptionnelle. Un timbre exceptionnel. Il n’a jamais eu de problème pour chanter. Quand on entend son timbre, sa puissance vocale, etc. On sait que derrière, il y a une énergie forte. C’est une force de la nature. On sait que c’est une force de la nature. Johnny Hallyday, on peut dire ça aussi de lui. Céline Dion. Des gens comme ça. Quand vous n’êtes pas une force de la nature, la scène, c’est quand même trop difficile.
Jérôme Colin : Votre charme vient de là. C’est que vous n’êtes pas une force de la nature
Françoise Hardy : Oui mais à ce moment-là, on se contente de faire ce que j’ai fait, des disques…
Jérôme Colin : Oui mais alors, on ne vous voit plus et comment voulez-vous qu’on vous prenne dans les bras, si on ne vous voit plus ?
Françoise Hardy : Mais on ne prend pas dans les bras la personne qui passe sur scène non plus. Elle est loin. Il y a un fossé. La fosse d’orchestre, enfin.
Jérôme Colin : Il y a un contact
Françoise Hardy : Oui mais bon ! Ce sont des choses qui me sont un petit peu étrangères parce que pour moi, l’important, ce sont les chansons, c’est le fait de donner ce qu’on a de meilleur en soi et d’essayer de l’apporter à la chanson.