Françoise Hardy sur Nostalgie Belgique (4ème extrait)

Le 10 novembre 2008, Brice Depasse recevait Françoise Hardy sur Nostalgie Belgique à l'occasion de la sortie de son autobiographie Le désespoir des singes et autres bagatelles chez Robert Laffont.

A propos des tournées en Italie

Brice Depasse: "On découvre vos tournées en Italie. Vous avez même participé au festival de Sanremo …"
Françoise Hardy : "Oui. Oui. J'ai participé au Cantagiro aussi qui était... parce que ça, ça n'a jamais existé ailleurs, le tour de l'Italie non pas à bicyclette mais fait par des chanteurs, avec tous les gens qui s'amassent le long du trajet pour apercevoir les vedettes. Et ensuite, le concert qui a lieu devant 10 000 personnes à l'époque hein, c'était au début des années soixante. Devant 10 000 personnes dans des stades avec les Italiens, le public italien, ils étaient tous en ébullition et quand vraiment le public était trop turbulent, il suffisait qu'Adriano Celentano, qui était a-du-lé, je pense qu'il l'est encore d'ailleurs, il suffisait qu'il arrive, qu'il dise trois mots bien sentis et le public se taisait mais re-li-gieu-se-ment ! J'ai un grand souvenir de ça et puis, de Gianni Morandi évidemment, qui à l'époque, qui avait été le premier artiste à chanter des musiques de Morricone et qui avait un succès faramineux et qui était beau comme un Dieu enfin bon.
Et donc, y avait aussi le festival de Sanremo qui était là. Alors, c'était un festival de concours de chansons italiennes auquel participaient toutes les grandes vedettes dont Celentano, dont la chanson Il ragazzo della via Glück a été éliminée tout de suite et il est allé de dépit, jeter sa voiture contre un mur, heureusement sans trop de dommages pour lui...., pour la voiture oui, mais pas pour lui. Et ensuite, quand je suis rentrée à Paris, j'ai eu un coup de foudre pour cette chanson en l'entendant la première fois, et quand je suis rentrée à Paris j'ai dit : "Je veux faire cette chanson en français" et c'est devenu La maison où j'ai grandi. "

Qu'a bien pu chanter Françoise Hardy à ce Cantagiro ? Et en quelle année ?
J'aimerais savoir.

Et ce Cantagiro, il existe encore ?

A la fin des années soixante, ce "Cantagiro" s'était transformé en "Cantaeuropa" : tournée de tous les chanteurs populaires italiens à travers l'Europe (de l'Ouest bien sûr).
C'est comme ça que j'ai pu les voir tous ces italiens (Pavone, Cinquetti et d'autres dont j'ai oublié le nom) sauf Bobby Solo qui n'était pas venu chanter ce soir là, soi-disant "indisposé", mais en fait selon la presse locale du lendemain (Grenoble) parce que son hébergement ne lui aurait pas plu.
C'était en tous cas les premiers chanteurs à inaugurer le "Stade de Glace" de la Place Mistral, construit pour les J.O. d'hiver de 68.

Sinon, cela s'est aussi fait ailleurs à la même époque: en Angleterre. Il y avait un renouveau folk à l'époque, et une troupe de nouveaux talents faisait des tournées régionales, en chantant dans chaque ville, récupérant même, à l'occasion, des talents rencontrés sur le parcours, comme ce fut le cas pour Anne Briggs, chanteuse néo-traditionnelle anglaise qui eut une influence profonde sur le mouvement du folk anglais des années 60 et 70.

~ c'était la petite minute d'histoire de Lil' Bear ~

Même si vous ne répondez pas exactement à mes questions, je trouve vos réponses très intéressantes !

A l'époque la convivialité européenne allait de soi ! Quel contraste avec aujourd'hui

A l'époque je pense que c'était surtout l'expression de la spontanéité dans la joie de vivre ou l'inverse ! . Peut être/certainement plus riche et varié que tout ce qui est cadré maintenant par l'intérêt du business...

Et puis c'était surtout que l'on n'avait pas la possibilité en allumant sa télé de voir tous ces chanteurs et autres artistes.
Il fallait que le public se déplace et, pour les artistes, aller à la rencontre du public c'était aussi tout un côté du métier qu'ils assuraient sans problème.
Cantagiro aujourd'hui, je ne pense pas que ça existe encore. Max Putti pourrait nous dire ça.

J’ai eu la nouvelle du jour! Le film Vincere (Gagner) de Marco Bellocchio c’est le seul film italien sélectionné à Cannes. Un bon exemple de la convivialité européenne dont parle Alxandre peut-être . Tandis que la novelle passait à la television j’étais en train de penser juste aux années soixante et au blog sur Françoise Hardy. C’est toute une question de mains! En 1965 venait de paraître I pugni in tasca (Les Poings dans les poches) de Marco Bellocchio que l’on estime l’oeuvre première la plus remarcable du décennie ici en Italie. Le metteur en scène italien a expliqué le titre en disant, si je rappelle bien, que chacun qu’il mette ses poings dans les poches il se tourne inévitablement vers les extrêmes conséquences de sa propre passivité. Et pourtant Françoise Hardy dans cette manière parle de Gianni Morandi: “Devant notre stupéfaction amusée, Gianni nous montra ses mains – grandes, belles et puissantes – comme pour nous convaincre qu’il n’avait pas qua ses cordes vocals à son arc” (Le déserpoirs des singes, p.60). Et, à propos de convivialité... j’ai eu l’occasion de rencontrer une fois (en différentes situations, pour quelque moment, il y a beaucoup des ans), Marco Bellocchio et Gianni Morandi. L’un me demanda, plus ou moins, ce que je pensasse d’un des livres qu'ils etaient ecrits sur son ouvrage; l’autre chanta en souriant avec les enfants de l’école primaire de mon Laboratorio Linguistico Musicale une de mes chansons (La balena - La baleine) dans la même occasion il chanta pour notre plaisir, avec ma guitare C’era un ragazzo che come me... (qui sera reprise par Joan Baez).

Une témoignage en rapport avec ce que Claude dit sur les artistes des années soixante “pour lesquels aller à la rencontre du public c'était aussi tout un côté du métier qu'ils assuraient sans problème” (je voudrai rappeler aussi que les années folles du Cantagiro se conclurent avec l’édition du 1974). Et quoi dire quand Françoise dit: “Beau comme un dieu, il se campait sur ses jambes écartées et galvanisant le public en chantant a pleine voix sa magnifique chanson avec un mélange typiquement italien d’énergie, de conviction et de naturel” (Le déserpoirs des singes, p.59). Notre Europe aujourd’hui, merci de l’Italie!.

Merci pour ce témoignage maxputti. Je dois avouer à ma grande honte que je ne connaissais pas Gianni Morandi avant d'avoir lu le désespoir des singes...

C'est vrai que l'Europe sans l'Italie serait moins festive ! Alors merci à l'Italie !

Si le Cantagiro a disparu en 74, y a t il quelque chose qui lui ressemble aujourd'hui ? Ou bien est-ce que la télévision à tout "tué" ?

N'oublions pas que les italiens sont des français de bonne humeur, alors sans eux qu'est ce qu'on s'ennuierait.
Mon meilleur souvenir de Morandi "La fisarmonica".
Je ne pense pas que ce genre de tournée ait pu reprendre car les maisons de disques n'aiment pas trop que "leurs" artistent fricotent avec ceux de la concurrence et puis que de palabres pour arriver à établir l'ordre de passage.
Regarde l'actuelle "Tournée des idôles" en France, tout y a paraît il été organisé par avocats, ou du moins agents, interposés.

je suis fan depuis..... des milliards d'années de Françoise mais
j'adore écouter les chanteurs italiens ! je suis fan de Giorgia, Luca
Carboni, Vasco Rossi et tant d'autres !