Françoise Hardy parle de cinéma (2ème extrait)

En février 2005, Françoise Hardy était interviewée pour Studio Magazine.

Françoise Hardy : "Dans les années 60, c'est Jean-Marie Périer qui m'emmenait voir des films. II était très fan d'Arthur Penn et il m'a fait découvrir Le gaucher. J'ai découvert aussi, à l'époque, A l'est d'Eden, d'Elia Kazan. Un choc ! II fait partie de mes films de chevet et je crois que c'est aussi le film culte de Johnny Hallyday. J'étais bouleversée la première fois que je l'ai vu et plus encore les fois suivantes. Je ne peux toujours pas regarder la scène finale où le père rejette l'affection de son fils, un thème qui m'est cher, sans être émue aux larmes. En revoyant les films, on réagit différemment, on comprend mieux les choses.

Françoise Hardy : " Dans ces années-là, j'ai vu aussi 8 1/2 de Fellini. Je n'y ai rien compris, mais j'ai eu l'impression de voir un film génial, hors du commun, qui me transportait dans une dimension onirique très forte. Tout comme son Juliette des esprits. Fellini m'a toujours fascinée en tant qu'artiste et en tant qu'homme: j'ai adoré ses mémoires.
Un autre réalisateur à la personnalité captivante, c'est Lars von Trier. Son cinéma me touche moins, mais je ne rate aucune de ses interviews. Tout ce qu'il dit m'interpelle, même si je n'adhère pas à sa théorie du Dogme. J'ai d'ailleurs détesté Festen de Thomas Vinterberg, parce que j'aime ce qui est structuré. Quand je lis un livre, j'aime qu'il soit bien écrit, et quand je vois un film, j'aime que le metteur en scène sache faire des images, qu'il ne les méprise pas. "

Ah ben non, moi ça m'arrive de trouver des trucs géniaux sans y avoir compris quoi que ce soit.

On peut être impressionné par un style, comme on peut être touché plus personnellement par un thème (comme celui d'A l'Est d'Eden pour Françoise), ça dépend des films et des cinéastes. Sûr que Fellini a du style!

Lil' Bear a écrit:

impressionné par un style

David Lynch par exemple.

Mais c'est exactement ce qui se passe pour la peinture ou la musique : pas besoin de comprendre pour adhérer et surtout pas besoin d'adhérer pour se rendre compte qu'on a affaire à quelque chose qui nous dépasse.

En même temps, pour une jeune femme, avec le Marcello Mastroïanni de "8 1/2" ça ne devait pas être difficile d'adhérer au film sans rien y comprendre.

James Dean (A l'est d'Eden) et Paul Newman (Le Gaucher) étaient charismatiques aussi.

J'ai vu Festen il n'y a pas longtemps et au contraire de Françoise ce film m'a beaucoup touché. Le sujet était lourd et glauque mais l'évolution du film était totalement maîtrisée. Un vrai choc cinématographique.

Parfois, pour le cinéma du moins, j'ai l'impression que Françoise se laisse dominer par la forme au point d'en oublier le reste. Je me rappelle de son engouement pour La lune dans le caniveau essentiellement appréciée pour la beauté des images (cf- bio année 1983 : "C'est un film que j'ai beaucoup aimé. On y nage dans la beauté : celle des images, celle de la musique, celle aussi de Nastassja Kinski… Je ne comprends pas qu'il se soit fait descendre à l'unanimité, d'autant moins que les réalisateurs qui savent utiliser la lumière et la couleur, bref qui savent faire des images, sont rares en France. Mais c'est un film de sensoriel et les critiques comme la plupart des réalisateurs français sont des cérébraux, des intellectuels plus ou moins infirmes « sensoriellement » parlant.")

Ouaf! Je commence à la trouver amusante, Françoise avec son franc-parler! Les critiques français sont des "infirmes", hop! Envoyé c'est pesé.
La lune dans le caniveau ? Tout de suite me vient la scène de la balançoire, avec Abril Victoria...

"La lune dans la caniveau" on est bien d'accord est un beau film, on a tous en mémoire une de ses scènes (pour moi toutes celles qui se situent autour du Mikado).
Et je l'ai revu à la télé avec plaisir, mais je m'y suis passablement embêtemerdé d'autant que m'a plutôt gêné ce parti pris précieux, léché, recherché, esthétisant.

Quant aux qualités critiques de Mademoiselle H, que ce soit en musique, cinéma ou littérature, je les considère toujours avec la plus grande réserve d'autant que je trouve qu'elle a tendance à penser que les autres sont des minus parce qu'ils ne pensent pas comme elle. Et puis ce qui a tendance à me hérisser c'est qu'elle pratique comme Télérama" : c'est forcément bien puisqu'il y a un copain qui est partie prenante dans cette oeuvre.

Je suis sûr que tu aurais aimé avoir pour copains Marcello, James ou Paul ...

Et tu peux ajouter Vittorio (De Sica ou Gasmann), Brad (celui qui fait paraître encore plus moche Angelina Jolie) : la liste n'est pas limitative puisqu'on y retrouve Jérôme, Alexandre (ceux de "mon amie la rose" bien sûr).
Marcello........quand on me parle de lumière, c'est justement à "La Dolce vita" que je pense, plus particulièrement à la scène de la fontaine avec Anita, au petit matin, et pas à "La lune dans le caniveau".

"Marcello, Marcello, vieni, vieni con me" je me serai fait damner pour la (le) rejoindre dans l'eau.

Claude, ta dernière remarque m'a remémoré le superbe 'Vieni via con me' de Paolo Conte. On s'écarte un peu du sujet, mais on reste dans l'univers musical, la romance et l'Italie !

On ne s'éloigne pas du sujet Elma, cette chanson de Paolo Conte c'est "La dolce vita", "8 et demi".
Surprenant que Melle Hardy n'ait jamais parlé de cette chanson.
Et à la liste des copains que j'aurais aimé avoir, Alexandre tu peux ajouter Paolo et son frère dont le prénom m'échappe et qui, je crois, est aussi chanteur.