Françoise Hardy au naturelTHIERRY COLJON
mercredi 24 mars 2010, 10:17
« La pluie sans parapluie », son nouveau disque, noue de nouvelles collaborations avec Calogero, Murat, la Grande Sophie et Arthur H. Son autobiographie s'est vendue à plus de 350.000 exemplaires. Rencontre avec une élégante à qui tout réussit.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Françoise Hardy Bientôt 50 ans d’une carrière exemplaire qui honore la chanson française.
Patrick Swirc.
Françoise Hardy ne sera jamais une chanteuse comme une autre. Son refus, depuis plus de quarante ans, de faire de la scène n'y change rien. Tant en francophonie qu'auprès de ses prestigieux collègues anglo-saxons (de Bob Dylan à Mick Jagger qui font partie de ses fans), elle reste un mythe. Une star ermite dont l'étoile n'a jamais pâli.
Elle n'avait plus publié de nouvelles chansons depuis
Tant de belles choses en 2004. En 2006, son album de duos,
Parenthèses, portait bien son nom. Et puis, il y a eu le succès phénoménal de son autobiographie,
Désespoir des singes… et autres bagatelles, vendu à plus de 350.000 exemplaires, dont cent mille en poche.
Elle nous revient aujourd'hui avec un superbe album,
La pluie sans parapluie, réalisé par Dominique Blanc-Francard et Alain Lubrano qui signe ici quatre chansons. Un disque fidèle à la douceur légendaire de son interprète. Cette voix ouatée, ces textes d'une élégance folle. Mais toujours en quête de nouveaux partenaires compositeurs, Françoise accueille dans son univers, Calogero (qui signe ici la musique du premier single, un véritable tube en puissance : « Noir sur blanc »), mais aussi, textes et musiques, La Grande Sophie (« Mister »), Jean-Louis Murat (un « Memory divine » en anglais) et Arthur H (« Les mots s'envolent »).
Elle retrouve aussi ses fidèles Alain Lubrano, Ben Christophers ou Thierry Stremler. Tous ont fait le maximum pour retrouver l'essence même du style Hardy, ce petit côté pop sixties qui l'a tant distinguée des yéyés de son époque.
Il s'agit ici de son vingt-sixième album. Et dire qu'en 1988, après vingt-six ans de carrière, elle annonçait que
Décalages serait son dernier disque, à l'image du titre « Partir quand même » (sur une musique de Jacques Dutronc).
Six ans plus tard, sur l'insistance d'Etienne Daho et du patron de Virgin-France, Fabrice Nataf, elle nous revenait avec
Le danger. Depuis, régulièrement, elle sort de son mutisme, de sa passion pour la vie
« entre mes quatre murs » comme elle dit. La chanson a pris le pas sur l'astrologie et c'est tant mieux. Car Françoise n'a jamais été aussi inspirée. Que ce soit pour écrire en prose sa vie ou en chansons des sentiments d'une infinie mélancolie.
La pluie sans parapluie, c'est la sarabande d'une grande tendresse, à la tristesse jamais déprimante. Voilà une artiste à qui tout réussit. Icône sixties, que les couturiers s'arrachaient, comme les rockeurs en quête de naturel, Françoise est une grande dame de la chanson, une ambassadrice à l'élégance intacte. Qui porte son âge avec une infinie délicatesse, son sourire masquant souvent une santé fragile.
Elle s'est confiée à nous avec ce même mélange de pudeur et de sincérité. Ignorant le terme
langue de bois. Françoise Hardy, une artiste vraie.
Françoise Hardy, « La pluie sans parapluie » (EMI). Sortie le 29 mars.
(source : http://www.lesoir.be/culture/musiques/2010-03-24/francoise-hardy-au-naturel-760467.shtml )