Jérôme Administrateur
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| (#) Sujet: 26 mars 2010 - Nord éclair Sam 27 Mar 2010 - 9:13 | |
| Françoise Hardy, l'état de grâcePublié le vendredi 26 mars 2010 à 06h00 [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Déjà le 26e album pour l'ermite Françoise Hardy. Et celui-ci atteint des sommets d'élégance. Photo Patrick Swirc Toujours bien entourée (Murat, Arthur H, La Grande Sophie, Ben Christophers...), Françoise Hardy assure son retour avec le magistral disque « La pluie sans parapluie ». Un prodigieux et divin entrelacs de textures et d'atmosphères. PROPOS RECUEILLIS PAR PATRICE DEMAILLY Peut-on dire que vous êtes exigeante dans la manière de vous entourer ? >> Je suis plus auteure que musicienne. J'entends des choses, je sais quand cela ne plaît pas mais je ne peux pas l'expliquer.
Mais vous savez choisir... >> Je veux bien admettre que je suis très sélective. Ma priorité, c'est la qualité mélodique. Le texte et la réalisation doivent être au service de celle-ci.
Difficile de revenir au format chanson après avoir écrit votre autobiographie (« Le désespoir des singes et autres bagatelles », ndlr) ? >> Pour une chanson, il faut capter son esprit pour ne pas écrire un texte en marge de la mélodie. Je ne voulais pas au départ écrire le texte de la chanson de Calogero (Noir sur blanc, ndlr) parce qu'il y avait une difficulté dans les ponts. J'ai pensé à Zazie comme elle avait déjà travaillé avec lui. Mais elle a envoyé un texte qui était entièrement cérébral, avec des jeux de mots sur les signes du zodiaque et dans lequel elle exprimait des idées générales. Cela ne collait pas du tout.
Vous avez donc fait appel à Patrick Loiseau, le compagnon de Dave. >> Je communique régulièrement par mail avec lui et il était très désappointé parce qu'il avait écrit deux textes pour Sylvie Vartan qu'elle n'avait finalement pas retenus. Ne sachant pas où aller, j'ai envoyé à Patrick la mélodie et rapidement il a envoyé un texte qui commençait par « Noir sur blanc ». Les seules choses qui m'embêtaient c'est que sur le plan de la forme, il n'y avait jamais de symétrie entre les couplets et puis, surtout, tout le texte était tourné sur le passé. La dynamique de la chanson me projette dans le présent et dans l'avenir. J'ai donc remanié ça en fonction de ces deux idées majeures. Voilà pourquoi on l'a cosignée.
Il y a plusieurs lectures possibles de la chanson. Qu'en est-il ? >> C'est difficile à l'âge que j'ai de chanter des chansons d'amour, donc on est amené à parler de « dernière fois ». Il faut que je l'envoie à Jane Birkin parce qu'à chaque fois que je lis une interview elle dit qu'elle aimerait bien vivre encore une passion, un dernier amour. Moi aussi je voudrais bien mais je pense que c'est absolument impossible.
Pourquoi ? >> Parce que j'ai un instinct très sûr (rires).
Vous avez mis votre vie sentimentale entre parenthèses après « Le Danger » (1996). >> (Surprise) C'est vrai qu'elle s'est arrêtée là. Mais cela n'empêche pas d'avoir des sentiments, des émotions. Sauf que cela reste fantasmé. Vous savez, je suis la championne des fantasmes, même quand j'étais très jeune. J'ai toujours fantasmé sur des gens qui n'en ont jamais rien su.
Qui est ce « vous » qui revient de manière récurrente dans le disque ? >> J'aime ça. Jacques (Dutronc, ndlr) et moi avions échangé des petits mots tout au long de cette cohabitation et cela nous est arrivé souvent de nous dire « vous ». Je trouve ça plus joli.
Il paraît que la sublime chanson de Jean-Louis Murat est arrivée en fin de parcours ? >> Tout à fait. Il m'a envoyé quatre chansons dont une en anglais (Memory Divine, ndlr). J'ai été accro immédiatement à cette dernière. C'est ce que j'appelle « une chanson drogue ».
Il nous a dit qu'il rêvait de vous écrire un album complet... >> Il ne sait pas dans quoi il s'engage et l'enfer qu'il va vivre si ça se fait (rires).
Il adore votre caractère, je cite, « d'adolescente chiante » >> C'est mon côté saturnien ça. On sait que les gens qui sont nés à la culmination ou la levée de Saturne ont une fixation au stade de l'adolescence.
Comment expliquez-vous que vous n'envisagiez jamais de projets à long terme ? >> Cela ne vient pas de moi, mais des circonstances de ma vie. J'ai été privilégiée et finalement la seule chose que j'ai eu à faire dans ma vie professionnelle, c'était de prendre mon courage à deux mains pour aller auditionner dans une maison de disques. Après, tout est venu à moi. Je n'ai jamais imaginé faire ce métier toute ma vie. Je me vois encore dans la loge de France Gall, avec Michel Berger. On disait de manière convaincue : « On arrête de chanter à 40 ans, après c'est grotesque ».
Et ce refus de la scène. N'avez-vous pourtant plus rien à perdre ? >> J'en suis incapable. Je suis limitée vocalement et rythmiquement. Je manque de souffle parce que toute ma vie j'ai été la proie d'émotions trop violentes. En studio, on peut refaire, ce n'est donc pas pareil.
Faut-il être émotive ou souffrir pour écrire de bonnes chansons ? >> Je pense que les plus belles chansons sont celles où on a sublimé une souffrance. Cela me rappelle ce poème d'Aragon, Il n'y a pas d'amour heureux, que Brassens a mis en musique et que j'ai enregistré deux fois dans ma jeunesse. Si ce ne sont pas des douleurs, ce sont souvent des tristesses qu'on a en soi.
Une de vos caractéristiques principales, c'est d'être une femme assez « cash »... >> C'est vrai et c'est pour ça que je suis attirée par des hommes ambigus, silencieux et qui maîtrisent l'art de l'esquive au plus haut point. Jacques, c'est le champion.
Est-ce vrai qu'il voulait vous piquer « Champ d'honneur » pour son retour sur scène ? >> Cet été, j'étais tellement fière de cette chanson que je l'avais fait entendre à Jacques. C'est rare que j'aie des morceaux musclés et qui déménagent. Tout de suite, il me dit : « Ça me plaît, tu devrais me la filer ». Évidemment, j'ai refusé.
Êtes-vous allée le voir sur scène ? >> Je l'ai entendu tout l'après-midi se racler la gorge. Quand je suis arrivée dans la loge, il était encore avec ses aérosols. En entrant sur scène, je l'entends forcer vocalement et je me suis dit qu'il n'allait jamais arriver au bout du concert. Donc ça m'a gâché une partie du plaisir pendant au moins trois quarts d'heure.
Avez-vous mené la vie que vous désiriez ? >> Mes deux plus grands désirs, c'était de faire un disque et d'avoir un enfant. L'enfant a été au-delà de mes espérances. Une source de bonheur.
Et l'amour ? >> J'ai vécu vingt ans en étant très amoureuse de quelqu'un que beaucoup de femmes auraient aimé me piquer. En même temps, ce n'était pas facile. Je ne sais pas comment fait Vanessa Paradis avec Johnny Depp.
Vous n'étiez jamais sereine ? >> C'était le prix à payer (rires). Mais je ne regrette rien.
(source : http://www.nordeclair.fr/Loisirs/Magazine/2010/03/26/francoise-hardy-l-etat-de-grace.shtml ) |
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Lil' Bear Fanissime
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| (#) Sujet: Re: 26 mars 2010 - Nord éclair Sam 27 Mar 2010 - 14:08 | |
| Merci Jérôme pour toutes ces interviews instructives. Ce site devient un vrai centre d'information Hardyphile! [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Celle-ci répond à plusieurs points que nous avions soulevés précédemment sur ce forum. On a presque l'impression d'avoir un échange avec elle par interviewer interposé. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] |
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