Le 26/03/10 à 12h20
Françoise Hardy revient en beauté
La grande fille aux chansons tristes est de retour avec La Pluie sans parapluie, son 26e album.
Avec sa chevelure blanche et ses traits aquilins, Françoise Hardy se ressemble de plus en plus. A 66 ans, la chanteuse n’a rien perdu de son aura, un singulier mélange de froideur apparente et de convivialité naturelle. Jeudi dans un hôtel parisien, elle se prêtait au jeu des questions-réponses avec une seule exigence : « S’il vous plaît, ne parlez pas que de moi, parlez aussi de mon travail ! » Dont acte.
France-Soir. Le titre de votre nouvel album, La Pluie sans parapluie, mérite explications…
Françoise Hardy. Symboliquement, cette image de solitude me ressemble. Pour d’autres, le fait d’aller sous la pluie sans avoir besoin de se protéger peut également évoquer une image de force. Quoi qu’il en soit, ce disque est dans la continuité de ce que j’ai toujours fait : les notes sombres dominent.
F.-S. Dans la chanson Champ d’honneur, vous vous comparez même à un « vieux hareng saur ». C’est votre tendance à l’auto-dépréciation qui parle ?
F. H. Alain Lubrano m’a apporté cette chanson. Ses mots étaient « sans plus de remord/qu’un cheval mort. » Je les ai remplacés par « sans plus de ressort/qu’un vieux hareng saur », ça me faisait rire… Mais je parle plus d’un état d’esprit général dans ce texte que de ma propre personne, de l’humeur morose qui est celle de la plupart des gens. Tout en essayant d’en rire.
F.-S. On trouve également sur cet album Calogero qui signe l’air de Noir sur blanc. Vous aimez sa façon de construire des tubes ?
F. H. J’aimerais n’avoir que des tubes sur mes albums. Je cherche toujours de belles mélodies, celles qui ont de l’identité. Je suis très critique sur mon propre travail, je sais ce qu’il vaut. Cette exigence est un moteur, ou plutôt un atout. Même si le perfectionnisme rend parfois malheureux parce qu’à un moment, on ne peut plus améliorer les choses.
F.-S. Votre autobiographie Le Désespoir des singes… et autres bagatelles sortie en 2007 a été un best-seller. Avez-vous le sentiment que, depuis, le regard du public a changé sur vous ?
F. H. Je ne m’en rends pas très bien compte. 250.000 personnes ont acheté ce livre, ce n’est pas grand-chose comparé à la population française… Je pense que les personnes qui sont allées vers cet ouvrage devaient déjà se sentir des affinités avec moi. J’ai reçu une somme de lettres de lectrices qui m’expliquaient qu’elles étaient très troublées, que nos parcours avaient beaucoup de points communs.
F.-S. Votre mari, Jacques Dutronc, a fait cette année son retour sur scène. Dans quelles circonstances a-t-il pris cette décision ?
F. H. C’est notre fils Thomas qui lui a soufflé l’idée lors d’un dîner. Jacques manquait alors de projets d’avenir. C’était embêtant dans la mesure où il a un train de vie élevé : il doit nourrir quarante chats, payer ses cigares… Ceux qu’il aime coûtent une fortune et il ne pouvait pas attendre un an. Le temps de faire un nouvel album, pour avoir des rentrées d’argent.
F.-S. Comment avez-vous alors réagi ?
F. H. J’ai eu un peu peur, je craignais que la crise pousse le public à rester chez lui. Thomas lui a dit que même sans nouvelles chansons, les gens viendraient le voir. Il ne s’est pas trompé, il refuse du monde. En revanche, je ne sais pas où il est allé chercher le fait que j’avais dit qu’il était trop vieux. Je n’ai jamais dit ça ! Ça ne m’est même pas venu à l’esprit… Jacques est comme ça : quelquefois, il sort les choses de leur contexte.
Un disque de saison
Les albums de Françoise Hardy se succèdent sans pour autant se ressembler. Six ans après le bien nommé Tant de belles choses, elle apporte à cette Pluie sans parapluie une joliesse pop portée par le titre d’ouverture Noir sur blanc à la mélodie signée Calogero et le rythmé Champ d’honneur. Sans oublier quelques pièces à la langueur mélancolique, fidèles à l’univers de la dame.
(source : http://www.francesoir.fr/article/francoise-hardy-revient-en-beaute )