Hardy-Dutronc : “Ni avec toi ni sans toi”[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Malgré quarante années de carrière respectives, Françoise et Jacques se sont rarement produits ensemble. Leur unique duo – une reprise de Mireille et Jean Nohain –, « Puisque vous partez en voyage », date de 2000. |
Photo Gilles-Marie Zimmermann Paru dans Match
Pour elle l’amour rime avec toujours et, pour lui, avec humour. Depuis quarante ans, ils n’ont jamais pu se dire adieu. Interview en forme de messages personnels
Un entretien avec Benjamin Locoge - Paris Match
Jacques Dutronc arrive le premier, avec Sylvie, sa compagne. Lunettes fumées, cigare, pantalon noir, on le croirait prêt à monter sur scène. « Je ne répondrai à vos questions que par oui ou par non », dit-il, sarcastique. Jacques Dutronc n’aime pas les photos, il en a même horreur. Mais pour Françoise Hardy, son épouse depuis 1981, il est toujours prêt à tout. Dix ans après leur dernière interview commune, et au prétexte de la promotion de « La pluie sans parapluie », le disque de madame, le couple mythique de la chanson a donc rejoué le duo sentimental le temps d’un après-midi. Entre eux, l’amour a connu des très hauts et des très bas, mais longtemps en silence.
Il a fallu attendre l’automne 2008 pour que Françoise Hardy raconte ses souvenirs dans « Le désespoir des singes », une autobiographie détonante, où elle dévoilait tout de son intimité et de son mariage. Dans des pages subtilement écrites, elle revenait sur l’infidélité de son époux, sa dépendance à l’alcool et ses virées nocturnes qui n’en finissaient plus. Elle décrivait aussi combien elle a aimé vivre avec un homme de cette trempe, combien elle fut éperdument amoureuse du musicien. Et le temps a passé. Leurs rendez-vous se sont transformés en visites espacées. Le chacun chez soi a pris le pas sur le quotidien, lui en Corse, avec ses chats, elle à Paris. Elle fut la première, en 1988, à vivre une grande passion pour un autre. Sans lendemain. Lui, mit cartes sur table dix ans plus tard en annonçant que Sylvie était entrée dans sa vie. Mais le couple Hardy-Dutronc n’a jamais voulu se séparer, encore moins divorcer.
A la parution du livre de Françoise, Jacques s’est bien gardé de réagir. Mais lorsque monsieur est remonté sur scène début 2010, il a bien fallu qu’il trouve une parade. Il s’est sobrement contenté de dire que sa vérité n’était pas la même que celle de son épouse... Et puis ils ont dû s’affronter. Alors voilà... Entretien taquin et complice, plein de rancœurs, parfois, et d’amour. Malgré tout.
Paris Match. Vous souvenez-vous de votre première rencontre ? Jacques Dutronc. On s’est aperçus...
Françoise Hardy. Il était l’assistant de Jacques Wolfsohn, mon directeur artistique. Quand j’allais dans son bureau, Jacques était là, caché dans un coin. La première fois que nous avons échangé deux mots, c’est lorsque je lui ai demandé s’il voulait être mon guitariste pour la tournée. J’avais une petite Austin Cooper.
J.D. [Il coupe.] Non, c’était une Austin Princess, beaucoup plus classe, avec un tableau de bord ressemblant à celui d’une Rolls !
F.H. Mais non, tu dis ça parce que tu m’as toujours idéalisée, mais c’était une Austin Cooper ! Enfin, peu importe, je suis au volant, arrêtée au feu de la rue de Provence et je le vois.
J.D. Je précise que j’habitais là, hein ? Je n’allais pas aux putes !
F.H. Je lui demande donc s’il m’accompagne en tournée et, comme d’habitude, monsieur est resté très évasif... Comme il l’aura été toute sa vie... Au final, j’ai dû me rabattre sur quelqu’un d’autre. Mais nous avions fait connaissance !
J.D. Je ne pouvais pas t’accompagner en tournée parce que je partais à l’armée.
F.H. Oui, c’est ce que tu dis aujourd’hui mais, à l’époque, on m’a raconté que tu avais une fiancée et que tu ne voulais pas être loin d’elle...
J.D. C’est vrai que c’est plus joli de dire cela que “je pars à l’armée”. Passons...
F.H. Et tu as dit aussi que tu avais des vues sur moi et que si tu avais été mon employé, cela aurait scié les vues en question.
J.D. Ça faisait carriériste ! J’ai préféré fuir, mais je suis revenu rapidement, j’avais un élastique ! Nous nous sommes retrouvés rue de Provence, une fois encore, où, pour être aussi grand qu’elle, je devais marcher sur le trottoir. [Il rit.]
F.H. Wolfsohn, Jacques et moi nous sommes séparés de nos fiancés respectifs au même moment. Nous étions trois célibataires, donc nous sommes pas mal sortis chez Castel ensemble. Sans qu’il ne se passe rien, d’ailleurs. Car il n’était pas rare que Jacques ramène une fiancée que généralement je trouvais affreuse.
J.D. [Il rit.] Il fallait bien que je me mette en valeur !
Retrouvez l'intégralité de l’interview-vérité de Françoise Hardy et Jacques Dutronc dans Paris Match n°3177 en vente partout en France. Un entretien exceptionnel !Françoise Hardy, « La pluie sans parapluie » (Virgin/Emi). Jacques Dutronc en tournée, du 1er au 5 juin au Palais des Sports, à Paris.(source : http://www.parismatch.com/People-Match/Musique/Actu/Hardy-Dutronc-Ni-avec-toi-ni-sans-toi-178039/ )