Jérôme Colin : Immaturité affective, c’est fort.
Françoise Hardy : C’est quand … Quand l’autre est trop pour soi. Parce que ça empêche toute autonomie.
Jérôme Colin : Dépendance ?
Françoise Hardy : Oui, oui.
Jérôme Colin : Vous avez vécu ça ? Les premiers amours, ça a été des amours de dépendance ?
Françoise Hardy : J’ai vécu ça pendant très longtemps. J’ai vécu ça pendant au moins 35 ans !
Jérôme Colin : 35 ans d’attente ?
Françoise Hardy : Oh oui au moins ! Non, non, d’immaturité.
Jérôme Colin : Heureuse à être immature, dépendant dans la souffrance ?
Françoise Hardy : Mais non, non. On n’est pas heureux quand on est immature et qu’on fait dépendre beaucoup trop de choses de quelqu’un d’autre, et en plus on a des attitudes qui ne sont pas bonnes pour garder l’autre et pour l’amener à être comme on aimerait qu’il soit.
On a des attitudes totalement inadéquates parce que même si on l’exprime pas vraiment, même si on ne met pas les points sur les i, l’autre se rend compte à quel point on est à sa dévotion. Et ça l’éloigne forcément. On ne désire que ce qui n’est pas à sa portée, quoi. C’est la distance qui créé le désir. Et la personne immature, elle ne sait pas avoir la bonne distance.
Jérôme Colin : Et comment vous êtes devenue mature affectivement ? J’aimerais bien comprendre parce que ça m’intéresse…
Françoise Hardy : Je ne sais pas si je suis mature affectivement aujourd’hui. Je ne vis plus de passions parce que ce n’est plus de mon âge, non plus. Si d’un seul coup, j’étais amenée à vivre une passion - ce serait quand même très surprenant, et ce que je n’attends pas du tout - je ne sais pas si je serais mature. Il y a qu’en vivant quelque chose d’autre que je pourrais vérifier si j’ai acquis une meilleure distance par rapport à l’autre.
Jérôme Colin : Ça passe, la passion ?
Françoise Hardy : Je crois que oui. Et ça peut durer très longtemps.
Jérôme Colin : Non, non. Est-ce que ça passe ? Est-ce que à un moment...
Françoise Hardy : Tout passe, la vie, la passion et même les mauvaises choses passent.
Jérôme Colin : Ça, c’est bien par contre. Ça, c’est très intéressant. Très intéressant.