Françoise Hardy dans Libération (2ème extrait)

Le 17 novembre 2004, pour le journal Libération, Françoise Hardy rencontrait Françoise-Marie Santucci à l'occasion de la sortie de l'album Tant de belles choses.

L'air circule sur ce disque à larges bouffées de nostalgie distanciée, à défaut d'envolées rock. A cet égard moins tendu que son dernier album nickel (le Danger, 1996, et non pas Clair-obscur, 2000, raté), Tant de belles choses est un petit miracle mi-bossa, mi-spleen, débuté l'été dernier en Corse. C'est Alain Lubrano, complice de quinze ans, qui est venu lui faire écouter les airs d'une inconnue, Pascale Daniel. « La musique, je n'y pensais pas. Quand je ne suis pas dedans, ça ne me travaille pas. Je venais de passer deux années à rédiger un bouquin d'astrologie, à écouter tellement autre chose que du rock... » Au même moment, le chanteur Thierry Stremler lui fait passer un volume de maquettes, dont deux lui plaisent. « Ça commençait à prendre forme. » Puis celle qui, de par son "éducation", a toujours "beaucoup de mal à demander quoi que ce soit à qui que ce soit" appelle Perry Blake.

Le ténébreux et mélancolique Irlandais, cultivé par ce journal, lui envoie deux morceaux qui l'enchantent. Il vient à Paris mais ils n'enregistrent pas ensemble. "Je suis très impressionnable. Chanter devant lui, non, j'avais peur de ne pas être à la hauteur." A l'arrivée, les deux chansons de Blake, Moments et surtout le frémissant So Many Things, où elle pose cette voix entre mille reconnaissable, androgyne et d'autant plus troublante dans son intemporalité blafarde, sont des sommets de l'album.

"Chanter devant lui, non, j'avais peur de ne pas être à la hauteur"...
C'est marrant que malgré tout son vécu Françoise puisse encore se comporter en midinette face à un jeune compositeur. Je ne suis pas sûr que le résultat aurait été différent si elle avait chanté devant lui mais ce qui est sûr c'est que ces deux chansons font partie de ce qu'elle a fait de meilleur dans la langue de Shakespeare.